Forum mondial sur les réfugiés

Premier forum sur les réfugiés

Session plénière

Intervention de la France

Genève, 18 décembre 2019

La version prononcée fait foi.

Mesdames, Messieurs,

Je souhaite vous exprimer la satisfaction de la France pour l’organisation de ce premier Forum mondial sur les réfugiés, qui marque le premier anniversaire de l’adoption du Pacte mondial sur les réfugiés, texte d’une importance capitale.

En adoptant ce Pacte, la communauté internationale a pris l’engagement d’instaurer, selon vos mots, Monsieur le Haut-Commissaire, un « authentique partage des responsabilités à l’égard des réfugiés ».

Je tiens tout d’abord à saluer ici la solidarité des pays de premier asile et la générosité des populations hôtes.

Monsieur le Haut-Commissaire, la France entend assumer toutes ses responsabilités et prendre toute sa part dans la mise en œuvre de ce Pacte.

La France s’est d’ailleurs fortement mobilisée, au cours des dernières années, pour offrir, à ceux qui dans le monde sont en besoin de protection, des voies complémentaires d’accès à son territoire, sûres et légales.

La réinstallation des réfugiés est l’une de ces voies. Elle doit être améliorée et la France s’est résolument engagée sur ce chemin. Avec 10 000 réfugiés réinstallés en 2018 et 2019, la France s’honore d’être aujourd’hui devenue l’un des principaux pays de réinstallation dans le monde et l’un des tout premiers en Europe.

Conscient de l’importance que représente la réinstallation au regard d’un meilleur partage des responsabilités, le Président de la République a tenu, lors de sa rencontre avec vous-même Monsieur le Haut-commissaire le 22 juillet dernier, à renouveler l’engagement de la France. J’étais présent à ses côtés et vous redis aujourd’hui l’engagement de la France à réinstaller de nouveau 10 000 réfugiés au cours des deux prochaines années.

Je voudrais également insister ici sur cette spécificité française qu’est la possibilité de délivrer des visas en vue de demander l’asile. Depuis 2012, cette pratique a permis l’accueil de près de 15 000 réfugiés, principalement syriens et irakiens. Cette procédure a pu se faire, aussi, avec le concours de la société civile et je voudrais à cet égard citer le protocole « couloirs humanitaires » signé en mars 2017.

La France juge nécessaire de renforcer son système d’asile et d’éligibilité au statut de réfugié. Notre pays a co-parrainé le groupe sur les capacités de protection et s’est engagée depuis plusieurs années dans une importante réforme de ses procédures et outils internes pour être plus réactif et rapide dans sa réponse.

Mais accueillir les demandeurs d’asile et les réfugiés n’est qu’une première étape. Nous devons donner à ces réfugiés les moyens de s’intégrer dans les sociétés d’accueil pour en être des acteurs à part entière. Cela implique l’apprentissage linguistique, l’accompagnement vers l’emploi et le logement et le renforcement des liens avec la société d’accueil et notre pays s’engage à inclure davantage la question de l’accueil des réfugiés en amont de l’élaboration des politiques publiques.

C’est aussi le sens de l’engagement que prend aujourd’hui la France et qui vise à intensifier les efforts pour permettre l’intégration et l’accès des réfugiés à l’autonomie, grâce à la Délégation interministérielle pour l’accueil et l’intégration des réfugiés et de la Délégation interministérielle à l’Hébergement et à l’Accès au Logement.

Monsieur le Haut-Commissaire,

L’action de la France en faveur des réfugiés est humanitaire et s’adapte aux enjeux politiques et internationaux actuels.

Parce que le monde compte aujourd’hui près de 70 millions de réfugiés et de déplacés internes, et que la majorité d’entre eux se trouvent dans un pays voisin de leur pays d’origine, l’action de la France passe aussi par l’assistance humanitaire, dans les programmes de développement et dans l’action au sein des enceintes multilatérales et européennes. Il nous faut défendre le mandat et les intérêts du HCR en faveur des réfugiés ainsi que la mention du Pacte dans les textes internationaux.

Au-delà, je pense aussi aux effets du changement climatique, raison pour laquelle la France a co-organisé, avec la Norvège, une session Spotlight centrée sur l’importance du verdissement des réponses humanitaires dans les contextes de déplacements forcés de populations. La France a rejoint également l’engagement commun pour répondre au défi lancé par le HCR « Clean Energy Challenge ». Nous poursuivons également ces efforts à travers la Présidence française de la Plateforme pour les déplacés par des catastrophes climatiques (PDD).

Pour inscrire ces engagements dans le long-terme, la France poursuivra l’intégration dans sa Stratégie humanitaire 2018-2022 de critères écologiques et environnementaux complémentaires.

Enfin, à l’échelle européenne, en matière d’accueil des réfugiés, notre approche doit être mieux harmonisée, mieux coordonnée. C’est pour cela que le Président de la République a appelé à une refondation de Schengen qui doit comporter une remise à plat des règles de Dublin. Des progrès sont possibles : un premier pas a été fait à La Valette avec l’Allemagne, l’Italie et Malte pour les personnes secourues en mer.

Pour conclure, je voudrais vous assurer cher Filippo Grandi du plein engagement de la France à continuer de porter les valeurs d’accueil et de protection des réfugiés, au cœur de son histoire, et à continuer de les soutenir et de les faire vivre dans son action au plan national, européen et international.

Je vous remercie de votre attention.

Dernière mise à jour le : 19 décembre 2019